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Histoire de l’escalade

1880 : A cette époque l’escalade n’est qu’une des facettes de l’alpinisme, permettant de franchir des difficultés rocheuses avoisinant le cinquième degré. Mummery est surnommé le roi du rocher pour ses nombreuses réalisations dans le massif du Mont Blanc (Charmoz Greppon où une fissure porte désormais son nom).
C’est vers la fin du siècle que l’escalade apparaît en tant que discipline à part entière. Les alpinistes s’entraînent toujours sur les rochers de Fontainebleau ou sur certaines falaises d’Angleterre.
En Italie Guido Rey se prépare à gravir le Cervin par l’arrête Furggen. Pour cela il se flatte de pouvoir réaliser jusqu’à cinq tractions de suite à la barre fixe.
Le matériel est encore rudimentaire. Par exemple le premier de cordée après avoir planté un piton doit se désencorder pour passer la corde directement dans celui-ci.

1910 : Première apparition d’une chaussure d’escalade inventée par Hans Kresz, qui est en fait une simple espadrille munie d’une semelle en feutre 

1911 : Apparition du premier mousqueton emprunté aux sapeurs pompiers allemands par Otto Herzog. Son usage est alors critiqué, on parle d’abus d’artifices, mais cependant son introduction ouvre de nouvelles possibilités aux alpinistes. Conjugué avec les étriers on entre alors dans le domaine de l’escalade artificielle. Il est facile d’imaginer les nombreuses polémiques qui en ont découlé. Ces techniques se développent surtout dans les Dolomites.
On assiste à la première en solo intégral du « Campanile basso » (au centre de la photo de droite) dans les Dolomites (groupe de Brenta) par l’Autrichien Paul Preuss ( à gauche). 

1913 : Arrivée sur la scène de l’escalade d’un certain Hans Dülfer inventeur de nouvelles techniques dont celle qui porte son nom et celle du rappel cuisse – épaule qui restera en vigueur jusqu’à l’arrivée du descendeur en huit.
L’escalade libre est maintenant une discipline à part entière et non plus une technique d’entraînement à l’alpinisme.

1914 : Le 6a est atteint par Emmanuel Strubisch, près de Dresde, sur l’arête ouest de la Wilder Kopf dans des conditions de protection qui laissent réveur. A cette époque le seul assurage accepté en Angleterre était fait de noeuds de cordelettes coincés dans des fissures avec en plus interdiction de reconnaitre les voies du haut.

1938 : Le 6b est atteint par Richard Dressler dans la Gemeinschaftweg à la Wilde Zinne.
Dans les années 40 le français Pierre Alain (photo ci contre), invente le bloc à Fontainebleau bien sur. Il inventera aussi le chausson d’escalade.

1961 : Le belge Claudio Barbier escalade successivement (on ne parlait pas d’enchaînement à l’époque) dans la même journée cinq voies très difficiles aux Tre Cime di Lavaredo (Dolomites) une performance absolument incompréhensible à l’époque qui stupefait tout le monde de la grimpe.
C’est dans les années 60 que la barre mythique du septième degrés est franchie aux USA grace à des grimpeurs comme Greg Lowe et Peter Cleveland qui en 1969 escaladera en moulinette « Bagatelle » une voie cotée 5.12 d soit 7c à Devil’s lake.
Ces grimpeurs sont aussi discrets qu’incompris car l’escalade libre est encore reléguée au second plan par rapport aux grandes réalisations dans les grandes parois des faces nord, des hivernales et des big walls. L’alpinisme fait toujours de l’ombre à l’escalade.

1970 : John Stannard s’offre la fissure et le toit de 3 m d’avancée de Foops, 7a.

1972 : John Bragg franchit le dévers de Kansas City, 7b.

1973 : Bruce Carson et Yvon Chouinar se payent « The Nose » sur El Capitan au Yosemite sans placer un seul piton, en utilisant seulement les quelque points en place.

1974 : Steve Wunsch réalise « Supercrack « , 7c aux Gunsks après huit jours de travail et près de 35 chutes. Son assureur, Henry Barber va promouvoir l’escalade libre grâce à de nombreux voyages-escalade dans le monde. C’est l’époque des chaussures EB, des baudriers Whilans et des coinceurs Hexentrics.
A cette époque, Christian Guyomar ouvre en tête le « Super Medius » à la Sainte Victoire. Ce n’est pas encore du libre mais il y a des passages de 6c obligatoires.

1977 : Ron Kauk répette « Super Crack en 4 jours seulement. Il faudra attendre 1984 et Jerry Moffatt pour sa première réalisation flash.
Lynn Hill, qui n’a alors que 16 ans réalise régulièrement des voies en 7a. en 1980 elle enchaînera, dans l’anonymat le plus complet « Ophir Broke » 7c, au Colorado.
Peter Cleveland réalise « Phlogiston » à Devil’s lake, premier 8a (5.13a/b en cotation US). Pendant ce temps en Europe, Jean Claude Droyer gravit « L’échelle » au Saussois, premier 7a chez nous alors que Patrick Berhault réalise la première longueur de « Fenrir » dans les gorges du Verdon, 7a+, puis « Caca Boudin » également 7a+. 

 

1979 : Bernd Arnold ( photos de droite) ouvre « Superlative direkte », 7b avec une éthique très stricte : Ouverture du bas avec au moins 10m entre chaque point.
En Italie Maurizio Zanolla  franchit en libre des voies d’artif qui deviendront les premiers 7a italiens. 

1980 : Laurent Jacob enchaîne le premier 7b français : « L’ange » au Saussois. Patrick Berhault réalise en solo de nombreuses voies en 6c+ dans les gorges du Verdon, ainsi que « Pichenibule » en libre.
Un autre français avant-gardiste, Patrick Edlinger (2 photos ci contre) enchaîne à vue « La polka des ringards », 7b+ à Buoux. L’année suivante il tournera avec Jean-Paul Janssen « La vie au bout des doigts » un film qui va devenir mythique dans le monde de l’escalade, distribué dans le monde entier et qui sera même nominé aux Oscars d’Hollywood. C’est à lui que l’on doit la démocratisation de l’escalade.
Arrivée des spits et plaquettes, d’abord d’un diamètre de 8, puis de 10 et enfin de 12 mm, qui vont favoriser l’escalade de difficulté gestuelle pure au détriment de l’engagement. C’est l’avènement de l’escalade dite sportive. 

1983 : Les grimpeurs Européens se hissent au niveau de leurs homologues américains notamment grâce à Jean-Pierre Bouvier, Patrick Edlinger, Fabrice Guillot, Marc Le Ménestrel; Jerry Moffat en Angleterre et Stéfan Glowacz  en Allemagne.
A Fontainebleau, Pierre Richard réalise le premier 7c bloc : « L’abbé Résina » alors que Catherine Destivelle (à gauche) fait le premier 7a féminin, « La Dudulle ». 

1984 : Le huitième degré est abordé grâce à Wolfgang Güllich (à gauche) qui gravit « Kanal im Rücken », 8b, dans l’Altmühtal. Marc Le Ménestrel réalise « Chimpanzodrome » en solo au Saussois.

1985 : Martin Scheel équipe « Punks in the gym » aux monts Arapiles en Australie, une voie qu’il parcourt avec un seul point de repos. Immédiatement suivi par Wolgang Güllich (à gauche) qui la parcourt entièrement en libre. Cotation 8c redescendue à 8b+ par Stefan Glowacz en 1986.
Marc et Antoine Le Ménestrel multiplient les voies en 8b. Chez les filles Isabelle Patissier  fait « Catapult », 7c, dans le Frankenjura. 

1986 : Antoine Le Ménestrel  réalise « La rage de vivre » à Buoux et « Ravage » à Chuenisberg en Suisse, 8b+. Marc enchaîne « Le minimum » à Buoux, qui deviendra ensuite 8c en 1992 suite à une prise cassée; et Jean Baptiste Tribout  s’adjuge « To bolt or not to be », 8b+ à Smith Rock aux USA.
En 10 ans les européens ont rattrapé leur retard sur les américains, et les ont même dépassé. 

1987 : Toujours en avance sur son temps, Wolgang Güllich (ci dessous centre gauche) ouvre « Wallstreet » 8c dans le Frankenjura. Alain Robert (2 photos de droite) commence à s’illustrer en solo alors que Jean Christophe Lafaille  réalise en solo « Rêve de gosse », 8a+ au Rocher des Arnauds. Christine Gambert puis Lynn Hill réalisent le premier 8a féminin. 

1988 : Vers la fin de l’année, Isabelle Patissier réalise le premier 8b féminin : « Sortilèges » au Cimaï. 

1989 : Ben Moon ( à droite), Didier Raboutou, Marc Le Ménestrel, François Dreyfus, Stefan Glowacz et Marco Lukic grimpent régulièrement dans le 8c. Ben Moon réalise « Le Plafond » à Volx, 8c. 

1990 : Le premier 8c+ est franchi par Ben Moon à Raven Tor avec « Hubble ». Lynn Hill signe le premier 8b+ féminin au Cimaï avec « Masse Critique ».

1992 : Le 8c+ se généralise avec des grimpeurs comme Alexander Huber , le slovène Tadej Slabe  alors que Lynn Hill s’adjuge le premier 8a féminin à vue, suivie de peu par une autre américaine établie en France : Robyn Erbesfield

1993 : Fred Rouhling ouvre « Hugh » aux Eaux Claires, 9a (photo ci contre à gauche). Robyn Erbestfield (en contre) s’offre « Overdose »,8a, à Lourmarin avant d’enchaîner « Silence », 8b+, à Troubat et gagne la coupe du monde d’escalade.
Cette même année l’exploit est réalisé par Lynn Hill qui libère « Le Nose » sur la paroi mythique d’El Capitan au Yosemite (Californie). La difficulté de cette voie de 34 longueurs oscille entre le 6c et le 8a+.

1994 : Les 8c+ se multiplient. Lynn Hill encore elle, remet ça dans « Le nose » qu’elle enchaine en moins de 24 heures.
Alexander Huber réalise le très long enchaînement de « La Rambla » à Siurana en Espagne. François Petit (à droite) enchaîne « Le Bronx »à Orgon 8c+. Jean Pierre Bouvier (dit « la mouche ») réalise « Festin de Pierre » au Saussois qu’il cote 9a. 

1995 : Fred Rouhling  crée la surprise en proposant le premier 9b de l’histoire avec « Akira ». Cette voie demande une confirmation qui malheureusement ne pourra vraisemblablement pas se faire car la grotte où elle se trouve a été fermée au public.

Hors des chiffres et des gens qui se sont illustrés tout au long de son histoire on est frappé par le fait que l’escalade s’est développée simultanément dans plusieurs pays sans concertation aucune (USA, Allemagne, Angleterre et France).

3 réflexions au sujet de « Histoire de l’escalade »

  1. Ping : Comparatif : Les meilleurs steppers climber verticaux en 2020

  2. Alexis dit :

    Merci pour cet historique hyper complet, cela me permet de mieux comprendre cet univers que je connaissais peu finalement.

    Répondre
  3. Ping : L’escalade – snt fides

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