Il a à peine quatre ans quand son père l’emmène grimper. A quinze ans on le rencontre presque chaque jour dans les rochers des environs de Grenoble. Il quitte le lycée peu avant son baccalauréat et s’installe à Buoux en hiver 1988 pour se consacrer à l’escalade. Pendant un mois et demi, il séjourne dans le secteur appelé La Plage, puis habite chez des copains, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre jusqu’en 1989. Cette même année, il participe aux rencontres de coupe du monde à Nuremberg, et décide de partager un appartement à Aix avec Yuji Hirajama. Une année durant, les deux amis passent souvent neuf heures ensemble chaque jour dans les rochers, s’entraînant parfois la nuit jusqu’à une heure du matin sur le petit mur qu’ils ont aménagé dans l’appartement. Ces efforts portent leurs fruits: en 1990, François gagne sa première coupe du monde à Madonna di Campiglio.
Depuis 1991, il vit dans une grande mai-son, dans le sud de la France, avec sa compagne, Catherine Valet, elle aussi fervente de compétition. Ils y ont construit un mur d’escalade de 200 m2, équipé de plus de 2 000 prises qui leur permet une préparation optimale.
Rares sont les grimpeurs qui accomplissent un programme d’entraînement aussi intensif et aussi complet pour se préparer à la compétition. Certains jours, François court d’abord pendant trente à quarante-cinq minutes au petit matin, puis il s’échauffe en effectuant des tractions, des appuis faciaux, des étirements pour ensuite s’entraîner sur de petites plinthes. Après cela, il fait des exercices d’endurance et, pour clore la matinée, il grimpe des passages de 7a, 7a+, 7c+, 8a+ et 8b+ dans la grande salle d’escalade qu’il a aménagée dans son garage. Il passe ensuite l’après-midi à Orgon où il gravit d’abord une voie de 7b, puis deux fois une autre de 8a en guise d’échauffement. Après une pause de vingt minutes, il attaque trois à quatre ten-tatives dans Bronx, une voie de 8c+, en s’accordant vingt minutes entre chaque essai. Pour finir, il escalade trois fois une voie de 8a+ en ne prenant qu’une minute de répit, puis il recommence la voie trois autres fois avec dix minutes de repos entre chaque ascension. La journée s’achève ensuite sur une voie de 7c.
Fasciné par le style d’Antoine Le Ménestrel, François s’efforce d’évoluer à sa manière : » Au début, la seule chose que je voulais était de me hisser dans une voie et je ne faisais guère attention au style. C’est alors qu’Antoine, à qui je voue une grande admiration et qui a marqué le style français, nous a montré l’importance qu’il fal-lait accorder aux mouvements. Il m’a aidé à comprendre mon corps; il m’a enseigné comment faire travailler tous mes muscles pour effectuer un geste. Déplacer une main d’une prise à l’autre ne suffit pas. » En compétition, il s’informe d’abord rapidement sur le tracé de la voie et essaie ensuite d’en décrypter les passages clés. Il est particulièrement doué pour enchaîner ses mouvements, il étudie soigneusement les prises de mains et de pieds sur le mur d’escalade, ce qui lui permet de visualiser un tracé et d’imaginer les mouvements qu’il effectuera ensuite sur place, sans avoir été sur le mur. C’est pour cette raison qu’en compétition la fluidité de ses gestes donne parfois l’impression qu’il a déjà réalisé cette voie. François n’est guère sujet au trac. Il ne pense pas être meilleur que les autres participants, à son avis sa force réside surtout dans le fait qu’il a peu de faiblesses! Pour lui, la priorité est de gravir la voie. Il aime se souvenir du parcours de la finale des championnats du monde de 1991 à Francfort ainsi que de celui des Internationaux de Serre-Chevalier en 1994. Il avait été le seul à pouvoir terminer ces voies de 8a+.
En dépit de son engagement en compétition, François aime toujours pratiquer le rocher, voyager d’un site à l’autre, découvrir d’autres régions et d’autres grimpeurs. » Je crois qu’il est important de ne pas être obsédé par les performances, car on risque de perdre le plaisir de l’escalade – il faut parfois grimper pour s’amuser et là où l’on en a envie. «