Marc était le cadet du célèbre » gang des Parisiens « . Dans cette atmosphère très positive et très compétitive, il ne tarde pas à devenir un excellent grimpeur. En 1983, cet adolescent de seize ans surprend le monde de l’escalade en ouvrant Rêve de papillon, une voie en 8a. Avec des performances surprenantes et des voies fascinantes telles que Chouca et Le Minimum, il marqua l’art français de l’es-calade et contribuera à faire de Buoux, dans le sud de la France, une nouvelle Mecque de l’escalade libre.
Le style aérien et souple de Marc et de son frère Antoine est très convaincant, moins appliqués, plutôt ludiques et élégants, ils suggèrent une impression d’absence de pesanteur, de légèreté, d’aisance de mouvement et maîtrisent des voies qui comptent parmi les plus difficiles au monde. Chez eux, l’escalade semble être un jeu, une danse, mais aussi une confrontation avec le matériau. Les médias ne tardent pas à porter leur attention sur Marc qui se retrouve rapidement sur le piédestal des stars un rôle qu’il aime jouer.
Quand en 1987 les médias se tournent plutôt vers la compétition, Marc essaie en vain de s’imposer dans cette discipline. » J’étais à tel point dépendant du jugement du public que je me perdais moi-même et ne pouvais donner le meilleur ni physiquement ni psychiquement. Ce furent les com-pétitions qui me firent prendre conscience du problème, de ma dépendance du jugement d’autrui, finalement, elles m’ont aidé à me trouver moi-même. » Marc admet aussi avoir vécu en égoïste à l’époque où il était adulé de tous. » En tant que star, toute l’attention se concentre sur toi. Les gens te soutiennent avec abnégation pour que tu puisses atteindre ton but; une star vit de l’assistance des autres! Je me sentais seul, j’en avais assez de voyager en permanence, de vivre sans cesse à des endroits différents, j’aspirais à une vraie relation qui ne s’édifierait pas sur le seul fait que je sois célèbre. Je me suis rendu compte que je devais changer de vie, avoir un métier qui me permettrait de construire une relation d’égal à égal. » Marc en tire les conclusions.
En 1988, il renonce à sa carrière professionnelle et entreprend des études. Ayant délaissé l’entraînement, il connaît évidemment une baisse de forme et de niveau. » Puis, soudain, je découvris de nouvelles perspectives dans l’escalade : j’appris à grimper par plaisir. La technique, la concentration, tester mes forces devinrent essentiels, l’aspiration aux performances de pointe n’est qu’un aspect partiel de l’escalade, une chose que les champions ne ressentent pas autrement que le grimpeur qui essaie de faire de son mieux. Mais l’escalade représente bien davantage. C’est un sport fantastique. Tu peux guider les gens, ou tout simplement partir grimper avec eux. «
Aujourd’hui, Marc grimpe et évolue dans les rochers par plaisir, il accepte de ne pas être parfait certains jours et surprend
Bon nombre de ceux qui l’observent par ses variations abruptes de forme physique. Pourtant, en 1994, il réussit la deuxième de Just do it, une voie de J.B. Tribout, et, en 1995, l’ouverture de Big Red, toutes deux à Smith Rock. Marc s’efforce de laisser chaque voie intacte. Mais, à Buoux, de nouvelles anfractuosités se sont formées à la suite de nettoyages et de suppressions de bords trop coupants. Bien qu’aujourd’hui il s’oppose à toute intervention humaine dans une voie, il tolère les opinions contraires, croyant fermement qu’il n’existe aucune vérité absolue et valable pour tous. » Nous devrions faire preuve de davantage de compréhension et éviter d’édifier des dogmes. L’important est de ne pas nous figer sur place, mais de rester en mouvement. «