Aller au contenu

Stefan Glowacz

C’est à vue qu’un grimpeur donne réellement la mesure de ses capacités. Tu dois réagir vite, avoir pleinement confiance en toi. Grimper à vue signifie pour moi la quintessence de l’escalade. Depuis plus de dix ans, Stefan fait partie de l’élite internationale et réalise d’éblouissantes ascensions à vue dans toutes les parties du monde. Trois fois vainqueur à Arco, le Wimbledon de l’escalade, il a fait comprendre et connaître son sport favori au grand public, et incité un grand nombre de personnes à le pratiquer. En dépit de toute la publicité faite autour de lui, Stefan est resté un grimpeur passionné et tenace.

Dès son plus jeune âge, ses parents lui font partager leur passion pour la montagne et l’emmènent chaque week-end. A quinze ans, il participe à un stage de montagne, mais le mauvais temps force le groupe à ne faire que du bloc.  » Les problèmes qu’ils posaient m’ont aussitôt plu. Je pouvais tenter ma chance seul jusqu’à ce que j’y arrive. Ce sentiment exaltant d’avoir réussi n’a pas changé depuis, c’est ça qui, aujourd’hui encore, me pousse à accomplir des performances.

Stefan commence ensuite à grimper dans la haute vallée de l’Oberrein par le biais de l’organisme des secours en mon-tagne. Deux années durant, chaussé de coques en plastique rigide, il fait des itinéraires de III et de IV jusqu’à ce que Norbert Sialkovski l’emmène dans la voie Schober (VI-). A la suite de cette expérience décisive, Stefan répète presque toutes les voies de la vallée. Il s’améliore rapidement et réalise ses premières ascensions techniques, telles que Schlies-ser (VIII-) sur le dôme de l’Oberrein.

Après avoir réussi des ouvertures difficiles, comme Erdnussflip à l’école d’escalade d’Oberau, il parvient à répéter The Face pour la première fois. C’est alors que des photos extraordinaires prises sous un angle nouveau par Uli Wiesmeier hissent brusquement Stefan au rang de star.

En 1985, il remporte une victoire inat-tendue à la première rencontre interna-tionale du Sport Roccia à Bardonecchia où il suscite l’admiration du milieu de l’escalade par son élégance, sa souplesse, son agilité et son étonnante technique des pieds. Ses victoires et les photos d’Uli Wiesmeier aidant, Stefan signe des contrats avec des sponsors, collabore avec eux tout en se consacrant entièrement à sa passion. Son professionnalisme et son ambition n’ont pas toujours été appréciés, et ont même alimenté la querelle qui l’opposa à Wolfgang Güllich.  » Je n’ai pas cherché ce conflit, j’éprouvais bien trop de respect envers Wolfgang. Il a toujours été un modèle pour moi, une source de motivation « , déclare Stefan aujourd’hui. L’animosité s’est atténuée avec le temps, et ils ont même réussi à discuter ensemble de leurs objectifs communs. 

A la suite de sa participation à une émission de sport sur la deuxième chaîne de la télévision allemande en 1991, Reinhold Messner intervient pour que Stefan obtienne le rôle principal dans Cri de pierre, un film de Werner Herzog. Une fracture du talon due à une chute à Kochel et trois opérations du ménisque l’obligent à interrompre ses activités jusqu’en 1993, puis on le retrouve aux championnats du monde d’Innsbruck. Il affronte François Legrand lors d’une finale passionnante, mais doit se contenter de la deuxième place. Il décide alors de se retirer de l’arène des compétitions. L’aventure des grandes ouvertures comme Des Kaisers nette Kleider avec Wolfgang Müller, l’un des plus actifs ouvreurs du Kaiser, l’attire de nouveau. Ensemble, ils travaillent chaque longueur, grimpent en libre au-delà du dernier spit, explorent les terrains effroyablement pourris du Kaiser jusqu’à ce qu’ils réussissent à poser un crochet avant d’y mettre un spit.  » C’était une incroyable aventure […], une chance inouïe d’évoluer là-haut.  » Mais, souffrant d’une blessure, Stefan sera absent lors de l’ascension en libre en 1994. Son ami Leo Reitzner se chargera plus tard du rôle ingrat de  » larbin qui assure  » jusqu’à ce que, au terme de trente jours de travail, Stefan réussisse cette ascension en libre cotée X.

Cette voie naturelle correspond parfaitement à sa technique. Le bien le plus précieux, le sommet de la créativité est de trouver une voie qui ne possède que des prises naturelles. Tailler des prises artificielles mène au cul-de-sac et rend n’im-porte quelle dalle accessible. L’ égoïsme qui pousse à adapter les voies à son niveau est un crime à l’égard du problème et de la prochaine génération. Plusieurs longueurs successives de niveau X, une escalade technique et complexe avec des spits très distants les uns des autres font de Des Kaisers neue Kleider l’une des voies de plusieurs longueurs les plus dures. Aujourd’hui, Stefan est en quête d’aventure et d’extrême dans les divers massifs montagneux de la planète. Au Groenland, en Alaska, au Canada, il cherche à exploiter ses qualités à vue dans les grandes parois et à réaliser des ouvertures rapides en style alpin.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *