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Jerry Moffat

Jerry Moffatt est le meilleur grimpeur mondial des années 80 ; un compliment qui ne vient pas seulement d’amis tels que Ben Moon ou Wolfgâng Güllich, mais que confirment les Français, pourtant très critiques. Avec The Face, Jerry ouvre la première voie de X- en Allemagne. Dès 1984, il réussit à vue des voies du calibre de Phoenix ou Pol Pot. En Angleterre, Little Plum, Master’s Wall et Revelations puis Superman signalent le passage à une autre dimension. Par la suite, vers la fin des années 80, Jerry remportera de nombreuses victoires en compétition.

C’est par des camarades d’école que Jerry découvre l’escalade. Après une année d’initiation, il se met à grimper quotidiennement. A dix-sept ans, il quitte l’école et s’installe dans une petite grotte située sous Tom’s Roof à Stoney Middleton. De cet endroit, il circule en stop d’un site à l’autre, se nourrissant de pain et de ketchup.  » Je ne vivais, respirais et mangeais que pour l’escalade, et la nuit je rêvais de grimper. Je n’avais ni capacité ni talent naturel ou autres avantages héréditaires. Je n’étais ni fort ni souple, mais l’ambition, l’énergie et mon amour pour ce sport étaient les moteurs qui me poussaient sans cesse au-delà de mes limites. Je voulais faire une chose qui ferait hurler mon corps de douleur, où j’aurais envie de tout lâcher, sans pourtant renoncer! « 

Après trois ans d’escalade, Jerry ouvre Little Plum en 1981, la première voie de niveau E5 6c sur le sol anglais. A la suite d’un voyage aux États-Unis au cours duquel il pouvait déjà flasher des voies comme Supercrack, Jerry attire l’attention du milieu international en gravissant Equinox à vue, une voie qui, à l’époque, comptait parmi les plus difficiles des États-Unis. Puis Wolfgang Güllich lui montre le Jura franconien. Alors le jeune Anglais étonne la clique allemande de l’escalade en réalisant presque toutes les voies de la région à vue. Il ouvre même The Face, la première voie européenne de niveau X-.

Ce Britannique plein d’humour, au large sourire et toujours prêt à la plaisanterie, a également fait ses preuves sur les voies anglaises traditionnelles, en ouvrant par exemple Master’s Wall, la première voie de E7 d’Angleterre : lors d’une tentative dans cette dalle qui ne présentait guère de prises naturelles, John Redhead avait mis un spit. Convaincu que les spits n’ont rien à faire dans les voies traditionnelles, ferry s’empressa alors de l’éliminer. Il essaya d’abord plusieurs prises en moulinette et étudia quelques rares mouvements de la voie. Pendant un mois, il s’y prépara en réalisant plusieurs solos intégraux dans d’autres voies extrêmement difficiles jus-qu’au 8.  » Je savais que je devais m’habituer au fait que chaque protection serait très éloignée, que cela ressemblerait à une situation désespérée; c’est pourquoi je m’entraînais en solo. Pourtant, lors de l’ascension, je me suis senti à la limite absolue. Bien qu’ayant étudié toute la voie en moulinette, je me suis trouvé subitement confronté à un terrain extrêmement dan-gereux et très angoissant. « 

En 1984, ferry descend en France avec son copain Ben Moon. Le milieu français est stupéfait quand, le jour de son vingt et un ième anniversaire il réalise Chimpanzodrome en flash. Peu de temps après, dans le Verdon, il fait une nouvelle démonstration de son talent en réalisant Pol Pot à vue. Pour comprendre cet exploit, il suffit de se rappeler qu’à l’époque la plupart des grimpeurs, et des meilleurs, s’entraînaient parfois pendant plusieurs semaines avant de s’attaquer à une entreprise de ce genre…

De retour en Angleterre, il ouvre Revelations, la voie la plus difficile de l’île. Mais, en 1985, son corps proteste contre le surmenage permanent qui lui est infligé, Jerry souffre de tendinite aiguë des coudes. Alors, malgré les traitements, il doit se résoudre à subir une opération qui l’empêchera de grimper pendant toute l’année. Après un accident de moto en 1986 – la moto était à l’époque devenue la drogue de substitution à l’escalade, il est de nouveau contraint d’attendre encore un an avant de reprendre ses activités.  » C’est à ce moment-là que j’ai vraiment compris ce que l’escalade signifiait pour moi et combien je suis heureux d’avoir découvert ce sport. « 

En 1987, Jerry retrouve sa forme des meilleurs jours et recommence à circuler à travers le monde. A Buoux, il répète des voies très dures comme Le Minimum et La Rage de vivre. Il participe avec succès à des compétitions, remporte plusieurs coupes du monde et celle, interdisciplinaire, de Maurienne. Mais, en dépit de la gloire, il prend ses distances avec cette activité dès 1990.

Les compétitions me détournaient trop de mon véritable objectif, escalader les voies extrêmes; par ailleurs, elles n’apportaient pas la même satisfaction que la pratique du bloc.  » Jerry préfère voyager, se mesurer aux rochers, partir grimper sur les blocs de Hampi, en Inde, ou rendre visite à son ami Ron Kauk aux États-Unis. Lors d’un séjour dans le Yosemite, il trouvera même des solutions à des problèmes de blocs jugés insolubles tels Stick It, et Dominator.

A vrai dire, les grimpeurs qui taillent des prises artificielles, en pensant qu’une section de rocher ne peut être gravie que par ce moyen, devraient prendre modèle sur ce chef-d’oeuvre dans des dalles aussi lisses qu’une peau d’anguille. Jerry s’engage avec conviction en faveur des voies naturelles :  » Tailler des prises ou les trafi-quer menace l’escalade actuelle. Nous risquons ainsi de perdre bon nombre de bonnes voies dans l’avenir. Tous, nous devons résister à cette tentation, nous comporter en êtres responsables et respecter les rochers. « 

Contraint à une autre interruption à la suite d’un accident de kart, Jerry chaussera de nouveau ses chaussons en 1995. A Raven Tor, il gravit Évolution, un projet qu’il envisageait depuis plusieurs années, puis Renegade à Froggatt, une voie très dangereuse, considérée comme la plus dure des voies non équipées du monde. Immédiatement après, il réussit Progress, une autre voie de niveau exceptionnel qu’il parcourt en très peu de temps.

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